Le septième chapitre du roman !

Publié le par Lou

Quelques jours après, le médecin du camp dit à Jordan qu'il pourrait bientôt l'autoriser à se lever pour visiter les environs en compagnie d'un adjoint du chef. Le jeune garçon était heureux à l'idée de pouvoir enfin quitter son lit, et curieux de découvrir le camp. Il avait été jusque là très bien traité : le médecin changeait son bandage tous les jours et lui apportait des repas délicieux cuisinés à partir d'aliments qui lui étaient inconnus.

Un matin, le médecin rendit visite à Jordan, ôta son bandage et décréta que le garçon était guéri. Il lui laissa son petit-déjeuner et alla prévenir le chef. Un peu plus tard, un responsable du camp vint le chercher et lui demanda de le suivre à l'extérieur. Jordan, qui n'était jamais sorti de la cabane depuis son arrivée chez les Elfes, fut ébahi à la vue du camp. La cabane dans laquelle il avait vécu ces derniers jours était en fait bâtie dans un arbre centenaire, ainsi que tous les autres bâtiments du camp. Les arbres de la forêt vierge luxuriante étaient constellés de petites cabanes de bois reliées entre elles par des passerelles, et sur leurs troncs étaient fixées des échelles de corde. Les hautes silhouettes des Elfes circulaient entre les arbres, touchant rarement le sol. Un peu plus loin dans le village, à la droite de Jordan, se trouvait un arbre vénérable qui devait avoir plus de mille ans. Une cabane plus décorée que les autres était posée entre plusieurs de ses énormes branches, se prolongeant sur plusieurs étages. Le guide de Jordan lui indiqua qu'il s'agissait là de la demeure du chef. Il décida de le mener là où les soldats prenaient leurs repas. Jordan devrait s'y rendre à chaque repas pour y manger. La cantine était construite sur un arbre différent de celui de la cabane où avait demeuré Jordan ; il fallait donc emprunter une passerelle. Jordan observait le petit pont constitué de lattes de bois reliées entre elles. Deux cordes épaisses servaient de rampes. Les planches étaient séparées par un espace vide où l'on pouvait tomber si on ne faisait pas attention, et Jordan imaginait que cette frêle passerelle devait bouger beaucoup lorsqu'on passait dessus. La perspective de marcher sur un pont brinquebalant et troué à une dizaine de mètres au-dessus du sol ne l'enchantait guère. Aussi, lorsque son guide lui proposa de passer le premier, le garçon accepta de bon cœur. Il fut soulagé de voir que la passerelle bougeait à peine sous le poids de l'Elfe, qui était bien plus grand que lui. Rassuré, il cramponna ses deux mains aux cordes et s'élança à son tour. A sa grande surprise, le pont se mit à tanguer, les planches se déplaçant de gauche à droite librement, complètement désolidarisées. Il prit peur et trébucha contre le bord de la latte sur laquelle il voulait marcher. Heureusement, ses mains tenaient toujours fermement les rampes et il tomba à genoux sur la planche sans risquer de glisser plus bas. Sur les conseils que son guide lui cria, il attendit que le pont soit à peu près immobile pour se relever, puis marcha précautionneusement d'une planche à l'autre jusqu'à arriver sur l'arbre de la cantine.

« Comment faites-vous pour ne pas faire bouger la passerelle en passant ? demanda Jordan au guide lorsqu'il eut repris son souffle. Vous êtes pourtant bien plus grand que moi !

- Les Elfes, malgré leur grande taille, savent être légers et discrets. Nous sommes des guerriers hors pair grâce à cela : nos archers peuvent se cacher dans les arbres et passer à l'attaque sans s'être fait remarquer, ce qui leur permet de bénéficier de l'effet de surprise. Nous sommes également très habiles et pouvons circuler partout. De plus, notre façon de marcher qui nous rend presque plus légers nous permet de grimper sur des branches fines que n'importe quel être de notre gabarit aurait fait casser. Notre technique de combat repose entièrement sur notre habileté, bien que nous nous entraînions aussi pour nous rendre plus forts. Notre mode de vie est lui aussi influencé par tout cela. Mais ne t'inquiète pas, tu apprendras vite à nous connaître, et même peut-être à nous imiter !

- Y a-t-il des enfants dans le camp ? s'enquit Jordan.

- Oui, ceux dont les parents sont tous les deux guerriers vivent ici. Il y a un centre d'entraînement spécial pour eux. Tu suivras peut-être les cours avec eux, à l'avenir.

- Et les autres Elfes ? Où vivent-ils ?

- Dans des villes, bien loin d'ici, répondit le guide. Dans des contrées plus reculées, qui ne sont pas touchées par la guerre contre les Nykas. Notre peuple ne compte pas beaucoup d'individus, et notre territoire n'est pas grand par rapport à celui des Nykas. Leur Sénateur pourrait avoir un empire entier s'il nous soumettait, nous et quelques autres peuplades. Nous vivons en paix avec ces groupes de créatures. Elles peuvent circuler sur nos terres, et nous sur les leurs. » 

L'Elfe se tut, et Jordan en profita pour observer la plateforme qu'ils avaient atteinte. Elle était très grande et entourait le tronc du gigantesque arbre qui la soutenait. De longues tables de bois clair étaient disposées en rangs serrés, chacune entourée de deux bancs et d'un tabouret à chaque extrémité. Toute la terrasse était protégée du soleil et de la pluie par une toile tendue entre les branches. Une échelle permettait de descendre sur une autre plateforme, plus petite, située en dessous, et qui servait de cuisine. Les plats étaient montés sur de grands plateaux tractés par un système de cordes et de poulies. Le réfectoire était encore vide, mais l'Elfe prévint Jordan que, tous les soldats du camp venant prendre leur repas à cet endroit, il était en général bondé et bruyant. Le déjeuner devrait avoir lieu trois heures plus tard, il restait donc du temps continuer à visiter le camp. L'Elfe guida Jordan sur plusieurs autres arbres, tout en lui indiquant des bâtiments importants pour qu'il apprenne à se repérer. Le garçon commençait à prendre plus d'assurance sur les fines passerelles, comprenant comment poser son pied et équilibrer son corps pour que celles-ci bougent le moins possible. Son guide le félicita :

 « Tu te débrouilles bien, pour un humain qui n'a jamais vécu parmi nous ! Toutes mes félicitations, tu apprends vite ! »

Il emmena ensuite Jordan dans un arbre sur lequel était bâtie une cabane de plusieurs étages.

« C'est là où les enfants passent une bonne partie de la journée. Certains dorment ici, mais la plupart vivent avec leurs parents. C'est également ici que les jeunes Elfes prennent leurs repas et suivent une partie de leurs cours. En ce moment, ils sont partis s'entraîner. Je vais te faire visiter cette cabane car il est possible que tu y vives à l'avenir. »

Jordan suivit son guide à l'intérieur. La première pièce était un réfectoire semblable à celui des soldats, si tant est qu'il était à l'intérieur. La lumière y pénétrait par des ouvertures percées dans les murs, ce qui en faisait un lieu accueillant. Des échelles menaient à l'étage du dessus, qui était partagé entre deux salles de classe. L'une était équipée de tables carrées disposées un peu partout et où pouvaient s'asseoir quatre élèves. Celle-ci servait à diverses activités manuelles. L'autre comportait trois rangées de cinq tables doubles parfaitement alignées face au bureau du professeur et au tableau. Cette salle-ci servait aux cours théoriques.

Au deuxième étage se trouvaient deux dortoirs, l'un pour les filles et l'autre pour les garçons. Ces dortoirs étaient destinés aux plus jeunes Elfes. Les plus grands dormaient dans deux autres dortoirs situés au troisième et dernier étage. Tout le bâtiment était lumineux et chaleureux, et Jordan sentit qu'il y serait bien s'il devait habiter là. C'est alors qu'il repensa à sa famille. Depuis qu'il était arrivé chez les Elfes, épuisé par sa blessure et ébahi par ce monde qu'il découvrait, il n'avait pas songé à ses proches, à ce pourquoi il était là, à sa mère qui avait elle aussi disparu du monde des humains... Les larmes l'assaillirent sans crier gare. Ce camp était merveilleux, si paisible, installé dans une forêt luxuriante, mais ce n'était pas chez lui. Une multitude de questions lui venaient à l'esprit : pourquoi était-il arrivé là ? Était-ce lié à ce point lumineux qu'il avait vu ? Sûrement. Et la poussière dorée retrouvée devant la chambre de ses parents, avait-elle quelque chose à voir avec cela ? Sa mère avait-elle été transportée elle aussi hors de son monde ? Était-il possible qu'elle soit là, chez les Elfes, tout près ?

Publié dans littérature, séries

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