Zoland : chapitre 17

Publié le par Lou

« Le 20 octobre 1816, des nuages noirs ont empli le ciel et plongé le monde dans la tristesse, lus-je.

— C'est exactement ce qu'il se passe chez les humains ! s'écria Maz.

Au bout de deux jours, il ne restait plus un seul être heureux sur Terre, poursuivis-je.

— C'est le cas, mais Zoland a été épargné... murmura Rejan.

Certaines personnes désespérèrent, d'autres devinrent violentes ; beaucoup de guerres éclatèrent ; l'éternel conflit entre les humains et les Zos naquit lui aussi à cette époque. Au bout de cinq jours, les effets du maléfice furent irréversibles, le monde semblait condamné à se détruire et mourir dans le désespoir.

Maz s'affola :

— Tout a commencé il y a trois jours ; ça veut dire qu'après-demain, c'est...

— Attends, il y a encore quelque chose après, la coupai-je. La malédiction avait été lancée par un être inconnu et extrêmement puissant. Personne ne savait comment échapper à la fin du monde. Heureusement, un devin Zo, le grand Kindar Karum, eut une vision. Il aperçut en rêve huit élus, quatre humains et quatre Zos. Ces huit élus furent trouvés et combattirent l'être inconnu ; ils le vainquirent, le scellèrent, et la malédiction fut levée.

— L'être inconnu est revenu.

C'était la voix du vieux Zo.

— La malédiction a recommencé.

— Tu crois, Yindar ? demanda Maz.

— Yindar Karum ? répétai-je. C'est votre nom ? Cela ressemble beaucoup à Kindar Karum.

— En effet, puisque je suis son descendant ; et pour devancer ta question, mon pouvoir est également la divination, répondit-il. Mon pouvoir était un signe du retour de la malédiction que nous n'avons pas su interpréter. En effet, il n'y a pas eu de devin dans la famille depuis Kindar. Depuis deux cents ans. Et cela explique aussi mon dernier rêve, que je n'avais pas compris. J'y ai vu quatre Zos et quatre humains combattant ensemble.

— C'est on ne peut plus clair ! s'exclama Rejan. Il nous faut trouver les élus le plus vite possible pour qu'ils arrêtent la malédiction !

— Exactement, confirma Yindar. Il faut maintenant que je vous dise qui j'ai aperçu dans ma vision ; tout d'abord, tu étais là, Noèm. Tu es une élue.

Il ne me laissa pas le temps de digérer la nouvelle et poursuivit :

— Puis j'ai vu un jeune garçon du même âge, brun, qui te ressemblait un peu. Vous sembliez très proches.

Je pensai tout de suite au garçon du club d'escalade. Liu n'était pas brun, et je n'étais proche d'aucun autre garçon.

— Ensuite venait un Zo qui te ressemblait beaucoup, Rejan, mais lui faisait de l'escalade et paraissait très doué.

— C'est mon cas, répliqua Rejan. Je ne vous l'avais pas dit car cela ne me semblait pas utile, mais c'est vrai.

— Ah, très bien, dans ce cas cela fait quelqu'un de moins à chercher. Enfin, j'ai aperçu la silhouette d'une jeune fille agile qui dansait dans les airs. Le pouvoir de voler n'est pas très répandu, elle ne devrait pas être trop difficile à trouver.

— Et je sais peut-être qui est le jeune garçon. J'ai rencontré un Zo très sympathique au cours d'escalade, et il correspond bien à ce que tu as dit, ajoutai-je.

— Nous irons le voir, et je vous dirai si c'est le garçon de ma vision. Passons aux humains. Voyons, il y avait une jeune fille que j'ai aperçue avec Noèm et qui a murmuré ton nom, Maz. Elle avait les cheveux mi-longs, châtains...

— Prune ! firent nos deux voix à l'unisson.

— Décidément, nous avons de la chance. Il y avait aussi une jeune fille avec un homme qui s'entraînaient au combat ; et enfin un jeune garçon que j'ai pu bien voir ; il était roux, assis à un bureau et faisait des calculs compliqués. Il semblait avoir une quinzaine d'années et avait un petit air malin qui m'a bien plu. Ces trois-là vont être plus difficiles à trouver, je pense.

— Répartissons-nous les tâches, proposa Maz. Noèm et moi connaissons bien le monde des humains ; et nous aurons l'aide de Prune.

— Ça me va, dit Rejan. On s'occupe de Zoland avec Yindar, alors !

— Il reste un problème, objectai-je. Comment convaincre mes parents de me laisser aller dans le monde des humains ? C'est dangereux, et on ne va pas leur dire ce que sont les Karums !

— Ne t'inquiète pas. Le monde est en danger, et le peuple Zo tout entier sera bientôt informé de la menace. Nous irons voir tes parents et leur expliquerons que tu es une élue. En attendant que la nouvelle se répande, tu devras suivre quelques entraînements au combat, et je t'aiderai à utiliser tes pouvoirs et à les rendre plus puissants. »

J'acquiesçai d'un hochement de tête déterminé, puis entendis les mots de Maz résonner dans ma tête : « Tu es une élue. » Je n'avais pas réalisé jusqu'ici que j'étais une des huit personnes désignées pour sauver le monde. Je m'affaissai soudain sur ma chaise, confuse. Je fermai les yeux et respirai profondément. Il s'agissait de garder la tête froide.

Publié dans littérature, séries, Zoland

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