Le vampire hémophobe

Publié le par Lou

À l'école, je n'avais pas de problème ; au contraire, j'étais le meilleur de ma classe. Quand il s'agissait de mordre un mannequin et de boire le jus de tomate contenu dedans, je ne rechignais pas. J'étais le buveur le plus rapide, en partie parce que j'adorais le jus de tomate (et oui, ça aide !). 

Pour approcher mes cibles discrètement, je pensais être un vrai pro. En fait, j'étais doué pour mon âge, mais loin d'être un pro.

La transformation en chauve-souris était une partie de plaisir. Je trouvais ça rigolo et adorais voler. Mon meilleur tour consistait à entrer dans la classe par la fenêtre au moment où la maîtresse appelait mon nom, et à me retransformer directement sur ma chaise. Une fois, il y eut un raté : les fenêtres étaient toutes fermées ! J'ai dû passer par l'entrée principale et suis arrivé en retard pour de bon.

Les vampires ne doivent pas mordre pour de vrai ou voir quelqu'un le faire avant leur majorité. Leur corps, encore en formation, en serait troublé (ne me demandez pas pourquoi, je dormais lors de cette leçon, et j'ai d'ailleurs eu une sale note à l'interrogation juste après).

En bon apprenti vampire, j'ai respecté cette règle, et c'est seulement à dix-sept ans que j'ai pu faire ma première sortie dans une ville humaine la nuit. Au bout de quarante-cinq minutes de recherche, j'avais trouvé une proie facile. J'allais passer à l'action quand un vampire adulte bondit sur ma cible et la mordit. Je vis alors jaillir le sang écarlate, et le vampire but ce sang encore chaud et bouillonnant qui sortait directement de la jugulaire. Dégoûté, je tombai dans les pommes.

Je me suis réveillé plus tard, à l'hôpital central pour vampires, mes parents penchés au-dessus de moi. Comme je n'avais rien mangé au petit-déjeuner ce jour-là, on pensa que j'avais fait un malaise vagal, et l'affaire fut close. J'étais le seul à savoir la réelle cause du malaise : j'étais hémophobe, j'avais la phobie du sang. Un sacré problème pour un vampire.

Comment vivre avec cette phobie ? Un vampire qui ne boit pas de sang et qui ne chasse pas n'est pas un vrai vampire, et il est banni.

Commença alors une vie pénible. À chaque proposition de chasse entre amis, je devais trouver une excuse pour décliner l'invitation. De peur qu'un ami ne questionne mes parents et que ceux-ci ne répondent "Mais qu'est-ce qu'il raconte ? On n'a rien de prévu aujourd'hui !", je m'occupai réellement de façon à ne pas avoir une seule nuit libre. 

Deux problèmes survinrent alors : la fatigue de m'occuper non-stop et le manque de proche. Les chasses à plusieurs étaient un bon moyen de rencontrer des gens, et mes anciens amis y participaient toujours, si bien que je me retrouvai seul.

                                                                                                          À suivre...

Publié dans littérature, séries

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L
salut ! J'avais pas vu cet article, et je trouve ça hyper sympa ! Tu vas écrire la suite ?
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L
Tu ne l'avais pas vu et j'avais oublié que je l'avais posté ! Merci beaucoup, c'était une idée qui m'était venue comme ça et j'avais décidé d'essayer. Il faudra attendre un peu pour la suite, j'essaie en ce moment d'avancer sur Zoland pour pouvoir poster les chapitres régulièrement.