Petite nouvelle à dévorer : vous aimez les aventures ?

Publié le par Lou

Tous les ans, mon père et mes trois oncles partaient en randonnée dans les Alpes, ma grand-mère me gardait. Mais maintenant, j’avais onze ans et je pouvais partir avec eux ! Enfin, ce rêve se réalisait.

Un jour, nous partîmes. J’avais peur mais me sentait tout fier. Il me fut difficile de quitter ma grand-mère. La première heure de marche fut longue et ennuyeuse. Les adultes parlaient de chasse et du refuge où nous allions passer la nuit. Notre chalet était à peine visible en contrebas, et le reste du paysage n’était guère beau. Nous voyions, à plusieurs kilomètres, les cheminées de la ville lointaine. Au bout de quelques heures, nous nous arrêtâmes pour pique-niquer. Les sandwiches étaient bons et revigorants. Nous nous remîmes en route une heure plus tard, en direction d’un chalet que l’on apercevait au loin. C’était le refuge. Nous y passâmes la nuit, ce qui nous fit grand bien.

Le lendemain, nous repartîmes de bonne heure. Ce sentier fut bien plus difficile à suivre. Nous marchions au bord d’un ravin, avec à peine 50 centimètres pour poser nos pieds. Impossible donc de s’accroupir pour ôter les cailloux qui me martyrisaient les pieds ! Nous pique-niquâmes au bout de plusieurs longues heures de marche, puis reprîmes notre ascension vers le refuge. Des nuages apparaissaient dans le ciel. Lorsque nous fûmes à peu près à deux-cents mètres du refuge, un brouillard intense tomba sur nous. Impossible de distinguer seulement le refuge, bien qu’il soit proche. Nous continuâmes à avancer, car le chemin continuait tout droit, mais nous nous en écartâmes dangereusement. Au bout de dix minutes de marche, nous entendîmes un cri déchirant. Celui-ci me fit si peur que je m’accrochai au manteau de mon père, qui me repoussa vivement. Je m’agrippai à Pietro de toutes mes forces, pensant que j’allais tomber dans le ravin, qui était si proche.

« Gabin, tu es là. Pietro, ça va ?

  • Je suis là, et j’ai le petit avec moi.
  • Pierre, tu es là ?
  • Oui, et Jean est à côté de moi.
  • Jacques, tu m’entends ? »

Nous entendîmes alors un « À l’aide ! » lointain et plaintif.

« C’est Jacques ! m’écriai-je, et, sans réfléchir, je bondis vers l’endroit d’où provenait la voix.

  • Gabin, reviens immédiatement ! Nous devons rester ensemble ! hurla mon père.
  • Je l’ai trouvé ! répondis-je. Jacques, c’est moi ! »

Mon père me rejoignit en marchant prudemment. Il chercha Jacques dans la direction que je lui indiquais et demanda :

« Jacques, tu vas bien ?

  • J’ai été sacrément égratigné par ces satanées ronces, mais à part ça, tout va bien. Il a du flair, ton Gabin !
  • Il n’aurait jamais dû partir comme ça, mais il t’a retrouvé, alors je lui pardonne. Pour cette fois seulement ! C’est très dangereux ce que tu viens de faire, Gabin !
  • Pardon ! J’étais sûr de savoir où il était. »

Le brouillard était toujours là, et nous avions descendu une grande pente. Jean nous lança une corde et nous nous en servîmes pour remonter. Arrivés auprès de Pietro et Jean, nous étions épuisés, avions un blessé avec nous et le brouillard qui nous empêchait de voir quoique ce soit. Nous pansâmes les égratignures de Jacques et déballâmes trois couvertures de survie et nous couchâmes dessus. Pietro, Jean et mon père surveillèrent notre bivouac à tour de rôle.

Le lendemain matin, le brouillard s’était levé, et nous avions une faim insupportable. En face de nous, après le ravin, on pouvait voir un chalet à flanc de coteau. C’était le refuge où nous aurions dû passer la nuit. Nous rangeâmes les couvertures de survie dans nos sacs à dos et consultâmes la carte. Un refuge était accessible en quelques heures de marche. Après nous être encordés, nous repartîmes avec l’espoir de trouver des baies sur notre chemin. Pour les baies, nous fûmes servis ! Il y avait énormément de buissons comme des ronciers où l’on trouvait des centaines de petits fruits. Je connaissais ceux qui n’étaient pas comestibles et ne les cueillais pas. En revanche, je raffolais des mûres et en engloutis plusieurs dizaines pour combler le vide de mon estomac. Malheureusement, notre longue cueillette nous retarda et la nuit tomba sans que nous n’ayons pu trouver d’abri. Nous dûmes nous coucher de nouveau sur des couvertures de survie qui nous isolaient à peine du sol caillouteux.

Le lendemain, le réveil fut difficile. Nous étions fourbus, avions des courbatures d’avoir tant marché et étions terrassés par la faim. Pourtant, nous ne pouvions passer une nuit de plus hors d’un refuge. Pietro et moi avions attrapé un rhume et les autres n’en étaient pas loin non plus. Il fallut se remettre en route en espérant trouver de quoi manger en chemin. Personne ne parla durant la marche. Elle était assez dure pour qu’on n’aie pas envie d’entendre les autres se lamenter sur leur sort. Cette fois-ci, nous eûmes moins de chance pour les baies. Nous en trouvâmes si peu qu’il fut difficile d’en avaler plus de dix chacun. Pour moi, dix baies ne suffisaient pas, et je commençais à traîner les pieds. Mon père m’encouragea au lieu de me rabrouer comme d’habitude, signe qu’il n’était pas très bien non plus. Nous partagions tous la même souffrance, chacun savait ce que ressentaient les autres, tout le monde était épuisé, affamé et fourbu. Un torrent coulait au fond du ravin. Je ramassai une pierre et la jetai dedans, ce qui ne me soulagea pas.

Finalement, nous arrivâmes au refuge. Nous dévorâmes tous les plats qu’on nous proposait, et les autres convives étaient étonnés par notre appétit d’ours. Les adultes étudiaient la carte pour savoir comment rentrer par un chemin moins risqué que celui que nous venions d’emprunter, mais malheureusement, nous en étions sortis. Le gardien du refuge nous conseilla un chemin qui convenait. Il s’agissait d’un sentier qui passait plus loin du ravin, mais qui était parsemé de refuges. Il ne serait donc pas trop difficile de se loger. Bonne nouvelle, car nos dos ne pouvaient plus supporter de coucher dehors. La nuit fut agréable. Nous dormîmes bien sur des matelas, certes pas des plus confortables, mais bien plus agréables que les cailloux des chemins.

Le retour se passa sans encombre. Nous passâmes toutes les nuits dans des refuges et la marche fut assez facile. Nous mangeâmes enfin à notre faim chaque jour et finîmes par arriver au chalet familial, avec trois jours de retard. Grand-mère avait appelé la police pour qu’on nous recherche, et nous passâmes le plus tôt possible à la gendarmerie. Les pauvres gendarmes étaient allés très loin pour nous chercher, mais pas autant que nous bien sûr…

Publié dans littérature

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L
J'ai déjà entendu cette nouvelle quelque part ...mais où ?
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A
de mieux en mieux ! c'est toi qui l'as écrite ?
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N
A dévorer !
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